In camera

deux vêtements interactifs qui ne veulent pas être photographiés

mesh, PVDF, composants électroniques

2023

Munis de détecteurs de lentilles de caméra, imitant le diaphragme d'un appareil photographique, deux vêtements se mettent en mouvement lorsqu’une personne les prend en photo, et prennent à leur tour un cliché du visiteur. Les visages des personnes inconnues, partiellement dissimulés derrière leur appareil photo ou leur téléphone, se confondent alors en une galerie d’identités floues, à la fois distinctes et similaires.
À la manière des portraits de Francis Bacon, peints à partir de photographies, ces pièces vestimentaires évoquent des entités hybrides et provisoires. Comme flottantes. Leur ambivalence est au centre du dispositif dont le nom dit tout en lui-même : à la fois privées, en huit clos (traduction littérale de « In camera »), et publiques, puisque tributaires du regard de celui qui regarde et prend en photo.
En occupant l’espace par le mouvement, les vêtements regagnent en substance, dont ils sont trop souvent dépossédés par le trop plein d’images. À force de le photographier, d’en plaquer les contours sur la surface plane des magazines de mode ou de nos écrans, nous ne considérons plus l’objet vestimentaire dans toutes ses dimensions. Trop souvent aplati, diminué par l'image, In camera lui insuffle une nouvelle vie en nous rendant évidente sa tridimensionnalité, et nous renvoie du même coup à notre propre complexité.

Photos : Maude Arsenault



                       
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