All mirrors

deux vêtements interactifs réagissant au regard du spectateur

miroirs souples, verre, silicone, compresses de coton médicales, or, composants électroniques

2024

À l'ère de l'IA et de la quête de perfection, notre image à travers le regard des autres façonne-t-elle notre réalité ? Les vêtements, faits de miroirs souples, de compresses de coton sublimées à l'or fin et de composants électroniques, s'activent sous le regard de la personne observatrice. Cette interface vêtement--miroir souplerenforce l’impression de virtualité-réalité. l'image reflétée devient le motif d'une double impression : celle du vêtement observé et celle du vêtement qui nous contemple.

Le miroir propose une perspective : une réalité plutôt qu’une vérité. Fragmenté, nous pouvons parler de plusieurs perspectives pouvant être embrassées d’un même mouvement du regard. Les multiples réflexions d’une surface miroitante, souple et morcelée nous retournent alors un ensemble ambigu, un réel réassemblé. Comme le dit magnifiquement Umberto Eco, les miroirs construisent à la fois une impression de virtualité et une impression de réalité. Le monde tangible s’y trouve dématérialisé, redonné au registre de l’image.

Intégré dans une pièce vestimentaire et porté, le miroir devient presque intentionnel : il s’arrime aux mouvements de la personne qui l’anime, son reflet regarde. Par ce comportement proactif, il nous tient à distance tout en nous contenant : une rétention/déformation de notre image s’opère, à notre insu ou non. La surface miroitante – un matériau souple mêlant verre et silicone – est elle-même mise en mouvement à l’aide d’un système robotique, rendant l’effet déformant d’autant plus dynamique.

Un vêtement est toujours un agent relationnel, le plus souvent passif cependant. Le miroir souple comme matériau force et renforce le potentiel d’interrelation et de lien que crée l’interface vestimentaire. L’image de soi (re)portée sur le vêtement de l’autre, déformée parce que fragmentée, devient le motif d’une impression – celle du vêtement que nous regardons, et celle du vêtement qui nous contemple.



Photos: Malina Corpadean



                         
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